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La partie numérologi-ax est très belle.
Dans un monde ravagé par des titans mangeurs d’homme depuis plus d’un siècle, les rares survivants de l’Humanité n’ont d’autre choix pour survivre que de se barricader dans une cité-forteresse. Le jeune Eren, témoin de la mort de sa mère dévorée par un titan, n’a qu’un rêve : entrer dans le corps ...
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Terminée | Japonaise, JP | Pas de durée |
Action, Aventure, Animation, Anime, Drama, Fantasy, Science-Fiction & Fantastique, Action & Adventure | MBS, NHK, NHK G, Tokyo MX | 2013 |
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Diffusion originale : 05 novembre 2023
Diffusion française :
05 novembre 2023
Réalisat.eur.rice.s :
Scénariste.s :
Guest.s :
Avis favorable | Déposé le 23 décembre 2023 à 23:58 |
C’est la fin. La vraie fin, cette fois. Et comme le spécial précédent, ce grand téléfilm final est en fait la mise bout à bout de 4 épisodes adaptant chacun un chapitre du manga final, donc c’est parti :
Spoiler
On est dans le pur climax de l’anime et franchement, c’est cheum. Pas l’animation, pour une fois, ça, ça va. Plus les décors et la direction artistique. C’est bête et très subjectif, mais la zone aride avec un rocher digne d’un grand désert australien dans lequel avance un titan originel tout blanc, ça fait vraiment juste pas du tout très stylé pour un dernier combat, je trouve ça très laid. L’anime avait tellement de lieux potentiellement géniaux pour conclure, un peu dommage qu’on termine par ce paysage assez dégueu. Bien sûr, la terre orangé qui contraste avec le ciel bleu, illustre assez bien le côté "bataille heaven and earth", mais il y avait sûrement moyen d'évoquer cette thématique sans sacrifier une direction artistique (à mes yeux) plus jolie. Ça, plus le fait que les familles des guerriers honorifiques de Mahr, notamment le père d’Annie, sont présents pour voir leurs enfants combattre, ce qui est bien pratique... Oui je commence bien par quelques petites choses qui relèvent du pinaillage car sinon, comme d’hab depuis la deuxième partie de cette ultime saison, c’est juste impeccable et épique à souhait, et on a donc un bon premier épisode. La très bonne idée, c’est de faire un best-of des titans spéciaux de l’anime, en ajoutant en plus des titans jamais vus : Ymir possède tous les pouvoirs et maintenant qu’elle est du côté d’Eren, elle invoque des répliques d'anciens titans spéciaux, ce qui donne à ce combat final une allure de véritable apocalypse où les héros n’ont aucune chance. Bref, de l’épique à fond. C’est sympa de revoir au passage le Warhammer titan en action qui stoppe net la progression du charrette. Armin est le MVP évident de cette fin d’anime, et il se fait ici capturer comme un con, ce qui est pratique pour le scénario qui peut donc éviter de lui faire déclencher sa transformation en colossal et accéder plutôt à ses réflexions sur Eren et sur la moralité de la fin de l’anime. Il comprend qu’Ymir est de son côté et questionne encore en quoi Eren fait ceci au nom de la liberté. Le fait qu'Ymir agit indépendament pour Eren est ma foi assez attendu si on a suivi les derniers épisodes, mais ça explique assez pourquoi Eren ne cherche pas non plus trop fort à arrêter ses amis, tout en permettant à l'audience d'avoir quand même un combat final entre titans digne de ce nom. Point bonus pour Falco qui devient un titan Faucon à la fin, une idée géniale annoncée déjà dans la précédente partie, qui permet vraiment de faire encore du jamais vu avec les titans (il y avait même une réplique en saison 3 ou 4 d’un Marleyien qui disait “heureusement qu’aucun titan ne sait voler”) et qui est littéralement le sauveur de ce dernier groupe rempart de l’humanité, et par conséquent, plus libre qu’Eren ne le sera jamais. Là où Eren ne fait que s'imaginer voler dans les cieux lorsqu'il déclenche le Rumbling (sous sa forme enfantine qu'il n'a plus, représentant son innocence fantasmée), Falco l'accomplit pour de vrai. A noter enfin que l’épisode nous dévoile l’air de rien, que c’est bien Ymir qui avait laissé l’enclos des cochons ouvert, et qui n’était donc pas “innocente”… si tant est que l’on considère cet acte comme un crime, ce qui est bien sûr tout le but. J'étais tout de même assez soulagé que le reste du final ne revient jamais objectivement sur cette période que je préfère laisser ouvert à l'interprétation. 15/20
Je ne m’y attendais pas mais j’ai rigolé plein de fois dans l’épisode. Pieck qui court le long d’un ossement titan pendant un plan beaucoup trop long avant de dire “c’est là que j’envie l’équipement tri-dimensionnel”, Mikasa qui passe 20 secondes à essayer de faire comprendre à Annie qu’elle a vu un okapi car elle ne connaît pas cet animal qu’elle peine à décrire, Gabi qui ne pense toujours qu’à tirer avec son fusil à chaque instant (et qui réalise encore un headshot qui va sauver tout l’humanité)... Le combat est super fun, dynamique et rythmé, avec quelques actions combos entre les titans qui sont méga satisfaisantes, comme Annie qui projette Mikasa pour qu’elle file à la vitesse de l’éclair. Un beau callback au fait qu’Annie avait pour habitude de prendre les câbles du bataillon pour les écraser. Les deux squads qui attaquent en parallèle fonctionnent bien ensemble, et le retour des personnages qui possédaient les titans spéciaux (Bertolt, les frères Galliard, Xaver qu’on avait jamais vu en action, et surtout notre Ymir du bataillon) c’est le genre de choses épiques appropriées pour un climax qui réutilise une dernière fois des éléments et des personnages introduits depuis le début. Bref, tout fait très fanservice (terme pas péjoratif) mérité et doux, qui permet aux héros de reprendre le dessus de façon crédible dans un combat pourtant perdu d’avance. On notera également que Livai accepte enfin le fait d’avoir choisi Armin comme successeur d’Erwin, ce qui va probablement lui permettre d’accomplir enfin sa promesse à ce dernier de tuer Zeke, puisque Zeke réapparaît en fin d’épisode vulnérable, grâce à Armin qui le rallie à sa cause. Armin, qui est donc clairement le héros de cette fin d’anime pour l’instant, devient au centre de la scène la plus importante de l’anime à ce stade puisqu'elle nous donne le propos philosophique de l’oeuvre : lorsqu’il questionne avec Zeke l’intérêt de la vie. Et c’est là qu’on comprend le prisme de la liberté selon Eren (qui est aussi le point de vue de Zeke quand il en parle à Armin) : si la vie ne cherche qu’à proliférer et que toutes nos décisions et nos peurs ne sont que des réactions instinctives pour échapper à la mort, est-on vraiment libre de nos choix ? Peut-être que la seule démonstration de libre-arbitre que l’on pourrait faire, c’est accepter la mort et avoir au moins un souffle de soulagement libre avant de partir ? Finalement, si la vie nous rend esclave, choisir de mourir, c’est notre seule forme de liberté ?… Zeke repositionne donc Ymir et la source de la vie comme les vrais méchants de l’histoire, tout en justifiant leurs actes, en expliquant l’origine des titans comme un instinct de survie d’Ymir mélangé à un pouvoir assez abstrait et métaphysique du ver luisant aquatique source de l’instinct de survie du monde vivant (pourquoi pas, hein, ça reste suffisamment abstrait et ambigü pour qu’on y interprète ce qu’on veut là-dedans). J'aime beaucoup l'emploi du sable comme figure d'opposition, qui exploite le très bon lore abstrait de l'Axe et la représentation des pouvoirs d'Ymir qui brise les lois de la nature en façonnant le monde des titans. Et la question posée est intéressante : en quoi les êtres vivants devraient “gagner” face à la force inébranlable de la nature, dont nous perturbons l’équilibre par une guerre sans fin ? Sauf que la réponse, c’est que bien sûr, la vie vaut la peine d’être vécue au-delà de l’instinct de survie et de la guerre engendrée par cet instinct. Et ça, il faut quelqu’un d’innocent comme Armin pour le voir. Armin ramène de la couleur dans ce monde (et dans ce spécial, aux tons très froids) grâce à une feuille orangée, en repensant… à un souvenir doux et chaleureux d’une après-midi d’automne où il courait vers un arbre (tiens tiens…) avec ses amis. Un souvenir/plaisir simple, comme il peut en exister des tas (visister un marché, jouer à la balle avec son père de coeur…). C’est une morale classique, très “Soul” de Pixar par exemple, et vue dans sans doute des milliers d’autres oeuvres. Mais comme toujours avec l’Attaque des Titans, c’est présenté de façon tellement sublime et essentielle, et intégré à un univers si complexe et cohérent bercé dans une oeuvre de guerre avant tout, que c’est juste magnifique. Les parallèles avec Eren sont typiquement géniaux : là où ce dernier répète sans cesse que sa venue au monde lui était destinée, mais l’a rendu piégé par son propre destin bien plus grand que lui… Armin dit qu’il a pris conscience qu’il est venu au monde au moment où il courait avec ses amis, pour vivre ce genre de petits moments. Autre exemple : Eren est parasité par ses souvenirs du futur, à tel point qu’il a fini lui-même par influencer son histoire, jusqu'à ce que passé et avenir soient mélangés, une notion qui efface sa capacité à faire des choix, donc son humanité (suite à sa visite dans l'Axe, il n'existe plus qu'en dieu ou démon). Armin, quant à lui, arrive dans l’Axe et détourne le débat (qui n’a pas de sens, en vrai) fort philosophique avec Zeke, pour juste repenser à un souvenir simple, daté, fini. C’est ça être vivant, finalement. Et c’est clairement ça l’inconnue de l’équation pour Zeke, le “plaisir simple” qu’Ymir n’a jamais eu et auquel elle aspire quitte à rester esclave (ou en contrôle ?) de la vie pendant 2000 ans. Armin ressort de l'Axe en ayant répandu le bien par la parole et par son choix du partage. Les idées sont plus claires que jamais et il ne reste plus à la vie que de triompher. Très très bel épisode. 18/20
Réinjecter la personnalité des titans “traîtres” (Zeke, Bertolt & co) pour save the day, en voilà une autre bonne idée, simplement en faisant ce qu’Armin a toujours voulu faire donc : en parlant. Zeke reconnecte enfin avec son père, dans un très beau plan où il peut s’adresser à la fois à Tom Xaver et à Grisha Jaeger, car après tout, même s’il a été un peu manipulé et aimé par les deux, pourquoi choisir ? C’est le premier et dernier instant de paix et de liberté que Zeke aura eu, finalement, avant de mourir un peu comme il le souhaitait, dans un super plan où Livai conclut son character arc et sauve l’humanité au passage. Les scènes avec le bébé passé de mains en mains dans une foule d’inconnus qui cherchent à échapper au terrassement, nous spoilaient plus ou moins que le Rumbling allait s’arrêter pile à temps, mais reste une démonstration assez jolie et presque crédible d’une humanité et du “monde vivant” qui peut parfois posséder un instinct de survie presque bienveillant. Là où l’épisode laisse encore planer un certain mystère, c’est sur les intentions d’Ymir l’originelle, qui est devenue vraiment un personnage à part entière depuis quelques temps. En effet, si elle a tous les pouvoirs, il n’y a aucune raison que le Rumbling se stoppe une fois la mort de Zeke (ça empêche seulement Eren de continuer le contrôle les titans colossaux). Si elle autorise Armin et Zeke à agir dans l’Axe et d’obtenir l’aide des anciens titans colossaux qu’ils ont connu, c’est pareil. C’est plutôt le gros ver source de la vie qui devient le “méchant” incarné. J’avoue que ce n’était pas sur mon bingo de la fin de l’anime, je ne pensais même pas le revoir d’ailleurs. C’est toujours assez ouvert de savoir dans quelle mesure son influence a entraîné tous les choix d’Ymir ou si c’est l’inverse, en tout cas ce boss final plutôt inattendu permet de réserver encore deux trois surprises (le gaz pour transformer quasiment tous les personnages en titans anormaux qui viennent le protéger, ce qui évoque les comportements de tous les titans anormaux de l’anime finalement). J’avoue que j’aurais préféré qu’on laisse ce ver tranquille à l’état de mystère : ce qu’on avait vu dans l’épisode origine d’Ymir me suffisait et je trouve ça un peu moins percutant et intéressant de le voir se manifester physiquement aussi “simplement”, maintenu par Reiner, Annie et Pieck. Même si l'image que Reiner deviendra ainsi le nouveau "Helos" qui a combattu la menace titan ultime, est une belle conclusion à son redemption arc. Cela n’enlève rien malgré tout à la force du climax. Les retrouvailles entre Gabi, Annie, Falco etc. et leurs parents fonctionnent (c’est un peu le seul but d’avoir gardé ces personnages en vie aussi longtemps franchement), et ça fonctionne d’autant plus quand on croit un instant qu’ils vont tous mourir juste après. Et puis il y a ce dernier acte où on imagine un monde où Mikasa avait avoué ses sentiments à Eren pour qu’ils se sauvent, et en quoi ça n’aurait sans doute rien changé… un what if très vain finalement, ce que Mikasa réalise, avant de prendre la décision tant attendue et tant teasée depuis des lustres : tuer elle-même Eren. Le double-mouvement des Ackerman pendant qu’Armin combat Eren est l’aboutissement des combats de l’anime et il est à la hauteur des attentes, avec un ralenti final de toute beauté où les personnages (et le public) sont juste soulagés et heureux de ce point final. S’en suit un passage assez glauque où Mikasa dit adieu à Eren en embrassant sa tête décapitée tandis qu’Ymir regarde avec tendresse la scène, le tout dans la bouche d’un titan géant (drôle de phrase hors-contexte, quand même). Et si… tout n’était qu’une histoire d’amour ? C’est une fin qui se voyait venir depuis la saison 4, ou bien si l’on se contentait des premiers épisodes de la saison 1. Mais il faut avouer que les trois saisons au milieu de tout ça ont sacrément brouillé les pistes. L’idée assez cool de faire d’Eren un pseudo-"gentil" au final, qui avait bel et bien une idée derrière la tête et joué un jeu pour se placer en démon et retourner ses amis contre lui pour les placer en sauveur, m’a aussi bien eu. Heureusement, c'est fait sans compromettre sa mort et la condamnation du génocide qu'il a entraîné. Ce n'est pas la "conclusion" parfaite que j'espérais, car je trouve qu'on a trop touché à ce ver et que je redoute un peu la rédemption d'Eren, mais le spectacle final vaut tout de même le détour, et après tout, il reste encore un épisode. 15/20
Mikasa comme la clé de toute l’histoire, et beh… c’est assez fort parce que c’est à la fois le plus cohérent et le plus surprenant. L’histoire de ce personnage est assez fascinante car elle brisait à la fois beaucoup de codes de la “fille forte” des shonen, avant d’être presque effacée pendant la moitié de l’anime, le tout pour nous expliquer que tout était prévu et qu’elle représente la porte de sortie de l’histoire et de l’humanité, soit toute la morale de l’oeuvre. Ses migraines peuvent d’ailleurs rétrospectivement être vues tout au long de l’anime comme la force du destin qui se manifeste pour aboutir à sa conclusion, ce qui est très beau et très meta (l’anime a ainsi fait progressé ses deux Ackerman OP car il ne pouvait en être autrement pour arriver à la libération des titans). Comme si dans un monde qui nous montre des possibilités de timelines infinies, c'est une seule succession de petits choix, qui a donné l'histoire telle qu'on l'a connu aujourd'hui. Finalement, que ça soit suite à la mort de ses parents dans son enfance où elle se bat pour Eren après une pulsion, ou quand elle choisit de ne pas lui répondre à Mahr quand il lui parle de leur relation : ce sont les choix de Mikasa qui ont forgé toute l’histoire. J’irais même plus loin, on peut lire son personnage comme étant le seul à être vraiment libre (avec une option sur Armin). Le bataillon d'exploration, Erwin, Ymir, Zeke, Dina Fritz, Grisha Jager, Historia, la famille Reiss, les guerriers de Mahr, évidemment Eren, possiblement Armin à cause d’Eren : tous sont contraints par un futur déjà écrit. Mikasa, elle, est immunisée contre les pouvoirs de titans, contre les pouvoirs du scénario aussi (elle a la plus grosse plot armor avec Livai pour une bonne raison, même si ce dernier aurait dû mourir selon le mangaka). Elle est surtout immunisée contre l’influence d’Eren qui ne l’a jamais considéré vraiment dans ses plans, ou qui la protégeait indirectement (on se souvient des mots de la Chouette qui ne cherchait qu’à protéger Armin et Mikasa). Sa dépendance envers Eren n'est donc que le fruit de ses propres sentiments, qu'elle peut apprendre à contrôler. C’est donc un peu la seule qui permet de véritablement apporter la liberté à Eren, à Ymir, à tout le monde. C’est assez fort et osé, un parti-pris assez tranché aussi qui ne colle pas forcément au caractère très abstrait de l’oeuvre, mais ça me plaît beaucoup car l’anime rend ça cohérent avec ses personnages. Jusqu’au bout, même en sachant que Mikasa pourrait finir par le tuer pour sauver le monde, Eren ne comprend pas en quoi Mikasa a quelque chose de spécial aux yeux d’Ymir, alors qu’il avait compris qu’Ymir se projetait en elle une fille qui se croit esclave de ses sentiments mais qui peut, en réalité, s’en sortir. Eren est vraiment incapable de percevoir les sentiments là où Mikasa les accepte enfin et peut vivre sa vie tout en redonnant sa liberté à Ymir, dans un échange final entre les deux femmes où on comprend que le vrai “futur jamais obtenu” qui a conditionné tout le reste, c’est celui d’une esclave qui ne se serait pas sacrifié pour son maître (cf. le plan où elle ne s'est pas interposée pour le roi et a pu retrouver ses filles). Ce parallèle entre les deux femmes est quelque chose que je n'avais pas prévu et qui pourtant semble très cohérent et illustre le propos d'une histoire qui se répète à travers les âges, une idée ma foi fascinante. Fin très poétique, très logique, qui réserve quand même quelques derniers twists de tour de manche, comme le fait qu’Eren est aussi celui qui a contrôlé le titan de Dina Fritz pour aller tuer sa mère et assurer toute son histoire. J’ai envie de dire que ce n’était même pas obligé que l’anime revienne là-dessus (le simple souvenir de la promesse qu’elle avait faite à Grisha suffisait), mais c’est tout de même la preuve encore assez folle que l’anime ne laisse rien au hasard et tire constamment des parallèles qui transcendent le temps et la logique de fiction pour rendre sa morale et son protagoniste les plus gris possible. Car on peut aussi voir toutes ces "invraisemblances" de l'anime (comportement des titans au gré du scénario, regroupement des personnages dans un même lieu et une même époque très pratique) comme l'influence de choix individuels qui n'en était pas, et qui imite la main invisible du créateur, esclave de son oeuvre, ou bien de celle d'Ymir, esclave elle aussi, tout deux motivé par l'envie de se libérer et de finir l'histoire. Ce que le mangaka fait finalement au chapitre 139 (ou 13+9, comme la malédiction d'Ymir et le nombre de titans spéciaux), 139 représentant la vie et la mort dans la mythologie japonaise, là où le nombre 140 représente l'expression de la liberté, qui ne sera donc jamais atteinte par une oeuvre évoquant de telles thématiques : la seule liberté qui reste, c'est le chapitre 140 qui peut exister dans notre imaginaire. La conversation entre Armin et Eren, vivement critiquée par les fans du manga (et effectivement, je trouve qu'elle fait partie des dialogues un peu trop rapides de cette fin, tout comme la réaction un peu trop expédiée des héros après la mort d'Eren), reste pertinente parce qu’elle tente à la fois une pseudo redemption-arc pour Eren qui fait tout ça au nom du sauvetage de l’humanité et de ses amis, mais aussi, pas vraiment, car elle montre aussi à quel point il a tort de ne pas tenter de changer le futur, d’entraîner la mort de Sasha, Hanzi et tant d’autres, d’avoir abusé d’un pouvoir qu’il a obtenu dès sa naissance ce qui l’a condamné à être mauvais. L'histoire de "shingeki no kyojin" reste après tout celle du titan assaillant, donc d'Eren. Mais finalement, le fait d’avoir redonné à Mikasa le choix final est un geste assez beau qui permet à Eren, s’il n’a jamais vraiment pu se libérer de son cycle auto-réalisateur et qu’il est resté, comme il le dit, “esclave de la liberté”, il permet au moins d’offrir ce vrai choix à Mikasa, puisqu’Eren confirme que c’est l’unique inconnue qui lui restait et que sa décision lui a donc appartenu à elle. Historia rappelle tout de même qu’Eren a beau être l’alpha et l’omega de tout le conflit, il ne reste qu’un individu : c’est une somme de décisions qui a prédestiné toute l’histoire. Tout de même, pour un anime qui a démarré parfois à nous faire dire “oui c’est très bien mais bon, personnages un peu faibles”, conclure par le quadruple enchaînement Livai qui pleure d’avoir enfin conclu l’histoire du bataillon et finit par donner de la nourriture à des enfants dans l'épilogue + Connie et Jean qui acceptent leur sort final mais sont ramenés à la vie et revoient Sasha + Gabi et Falco qui se retrouvent et finissent heureu·x·ses + Reiner qui retrouve sa mère qui lui pardonne, purée, c’est puissant. Et puis le montage pendant le générique et tout l’épilogue, il fait très mal aussi. Car ce n’est pas une fin heureuse, loin de là. Ce n’est même pas une fin. Et heureusement. Quatre saisons de conflits pour aboutir sur un “bon, le monde qu’Eren nous a laissé n’a plus de titans et plus d’humains, mais il va falloir se battre pour obtenir la paix, un jour”, oui c'est pas fini, et c'est peu satisfaisant. Les Jaegeristes ne vont pas s'arrêter maintenant. Le monde reste méfiant du peuple Eldien. Oui, les pensées extrêmes ne disparaissent pas du jour au lendemain, et peuvent toujours resurgir. Car c’est impossible de résoudre le conflit en un cycle. Et le montage final tend à prouver que c’est juste le cycle de la vie. Là où la fin reste très maligne, c’est qu’elle laisse plein de portes à l’interprétation tout en apportant quelques réponses définitives. Tout n’a pas de réponse claire, car après tout pourquoi la vie aurait-elle du sens sur toute la ligne ? Les personnages ne peuvent pas prendre un recul aussi direct sur leurs vies (et je suis un peu abasourdi de voir autant de fans critiquer la fin et proposer une "meilleure" version qui ne fait que rendre tous les personnages robotiques et omniscients, mais bon, pourquoi ce genre de fanbase me surprend encore...). Je suis tout de même particulièrement fan de quelques plans très ambigüs comme celui où Historia accouche pile quand le monde est libéré des titans, ce qui peut être uniquement un symbole, ou amené une vraie théorie de la réincarnation d’Ymir par exemple, surtout que sa grossesse reste un énorme mystère et qu'il y a une théorie tout de même qui reste crédible qu'il s'agit du fils d'Eren, comme quoi peut-être qu'un Jaeger pourra être libre ? En tout cas, ces petites pistes restent trop ouvertes. Ce qui est moins ouvert, c'est plutôt la bad-ending. L'anime aurait pu prendre le choix optimiste et choisir de conclure sur Mikasa qui enterre Eren près de l'arbre, avec cette intervention de l'oiseau qui représente Eren (enfin !). La plupart des shonen aurait sans doute conclu là-dessus (et le manga concluait là-dessus de base avant que le mangaka l'ait réécrit). Mais ensuite, voir Mikasa refaire sa vie, puis mourir vieille, avant de voir que les années peuvent défiler en un claquement de doigt jusqu'à une nouvelle destruction, c’est vachement rude quand même, ça m’a fait vraiment me sentir tout petit et ça nous rappelle à quel point leur histoire est aussi insignifiante que la nôtre, que tous les efforts peuvent vite être vains. Et puis ça part en full montage apocalyptique avant de re-boucler dans une scène post-générique sans doute facile ? Mais aussi parfaite pour la série. Franchement, ce montage final est peut-être ce que j’ai préféré de ce dernier épisode. Tout peut recommencer, tout va recommencer. Mais comme on l'a appris il y a deux épisodes, la vie vaut la peine d'être vécue. 18/20 |
Je m'apprêtais à défoncer l'épisode tranquillement, quand il y a eu le dernier plan du générique et l'avis de Galax. Bravo à lui pour m'avoir fait changer d'avis (ce qui n'était jamais arrivé ici). Cela étant dit, ce n'est pas un bon épisode non plus. Il souffre grandement de deux problèmes principaux.
1) La narration est une catastrophe. On ne prend du temps à rien. Ça donne vraiment l'impression d'être une compilation de moments épiques. Les retrouvailles avec les parents sont un grand moment osef, qui aurait largement mérité une dramaturgie construite. On passe du temps sur des scènes inutiles de combat et tout l'aspect émotionnel autour est évacué aussi vite que possible. De surcroit, l'absence totale de décors (des os, une montagne et de la brume) détache complètement les personnages du décor. Pour la toute première fois dans SNK, je me suis globalement ennuyé et c'est long, 1 h 30, dieu que c'est long.
2) Le plan d'Eren (celui de l'auteur) est... Absolument con. Tuer 80 % de l'humanité ? Pourquoi ? On dirait un chiffre inventé par Barney Stinson dans "How i met", quand on lui demandait de sortir des statistiques. Eren explique que c'est pour avoir un équilibre, mais L'ile du paradis ne représente pas 20% de la population mondiale (qui semble d'ailleurs être... La Terre ?). On dirait un mauvais copié collé de la fin de Watchmen où Moore unissait les deux puissances autour d'un ennemi commun. La série (et le manga) fait un tour de passe temporel d'Ouroboros, que j'ai trouvé franchement d'une facilité bête. Et tout ça pour quoi ? Laisser le cycle de la violence se perpétuer. Ce que Eren sait parfaitement (surtout compte tenu de sa faible estime de l'humanité). Le coût du génocide est donc particulièrement stupide, ce qui casse même l'ensemble de l'animé, à mon sens. Je m'attendais sincèrement à un ultime plan, mais comme souvent pour les fins d'œuvres, le résultat n'est pas à la hauteur de l'attendu.
Alors, il reste quoi après tout ça ? Le rôle de Mikasa très bien expliqué par Galax, la théorie des oiseaux validée, des combats épiques, ce dernier plan de générique qui donne (pour moi) l'origin story du ver maléfique et notamment cette magnifique scène de Sieg avec la balle de baseball et les petits moments de vie qui font un grand tout (qui est LE meilleur moment de ce final).
La série me laisse tout de même un certain goût amer en bouche. Nul doute, cela dit, qu'elle gagnera en puissance si jamais je la revois un jour (peu de chance cela dit).
Je peux me tromper, mais je pense que c'était aussi l'intention de l'auteur, pour souligner l'aspect désolation/apocalypse, marquer le contraste avec le reste de la série, et ne montrer que ce qu'il reste de l'humanité. Mais je suis d'accord avec toi que du coup c'est juste pas très excitant ni beau.
Je pense que c'était surtout une prophétie auto-réalisatrice. Il sait qu'il va tuer 80%, il veut donc tuer 80%. Ça n'a pas de sens car comme tout ce qu'il a fait, ça n'a pas d'origine. Après, je sais plus si c'est explicitement quelque chose qu'il s'était fait spoiler ou pas.
Mais sinon, le fait que ce chiffre soit si random et issu du libre-arbitre d'Eren est peut-être justement le seul truc où il a eu un peu de maîtrise et s'est dit "allez faisons 80 ça sonne bien", c'est intéressant aussi de le voir comme ça je trouve.
Et sauver ses amis tout de même, ce qui a toujours été son but. Ironiquement Mikasa a eu une belle vie grâce à ça.
Carrément et je te le recommende vivement en tout cas !
PS:
Je prends note <3